Placer les compétences au cœur de la campagne présidentielle

Gestion des compétences — GPEC

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Si les candidats à la prochaine élection évoquent l’importance de l’emploi et de la lutte contre le chômage, la question de l’adaptation des compétences aux défis des prochaines décennies reste en retrait. Plusieurs débats et propositions commencent néanmoins à s’exprimer. Tour d’horizon.


« Les transitions économique, écologique et technologique que nous vivons font du développement des compétences professionnelles un enjeu majeur pour la croissance économique, le développement de nos territoires et l’emploi de tous les actifs. A ce titre, le prochain quinquennat devra œuvrer plus que jamais pour une politique volontariste en matière de formation professionnelle. » Cette conviction, Pierre Courbebaisse, président des Acteurs de la Compétence, l’a partagée lors du débat coorganisé avec le Cnam et CCI France. Un débat associant les représentants des candidats à la présidentielle autour d’un thème majeur : « Faire de la compétence une grande cause nationale ».

 

Le CPF, un dispositif à ancrer dans une dynamique de co-construction


Ce sujet a également été évoqué lors de la dernière université du Medef. La nécessité du renouvellement des compétences des actifs fait l’objet d’un consensus, et les pistes proposées ne manquent pas. Une idée majeure ressort, celle de mieux adapter les compétences des demandeurs d’emploi aux besoins des secteurs d’activité. Digital, transition écologique et services à la personne – déjà visés par le plan de relance du gouvernement – sont mis en avant, avec l’ambition de prendre en compte dès maintenant l’évolution des besoins par la formation professionnelle. D’autres propositions concernent plus directement les salariés en poste, dans une logique de mise à niveau et de prévention de l’obsolescence des savoir-faire. Il s’agit notamment de mettre l’accent sur l’actualisation des compétences des seniors et le maintien de leur employabilité.

La pertinence du CPF, interrogée par les experts de la formation professionnelle, est également un point d’intérêt des candidats. Si le compte personnel de formation fait globalement consensus dans sa philosophie, ses modalités d’application méritent sans doute d’être revues. L’enjeu consiste à réfléchir à une meilleure adéquation avec les besoins stratégiques de l’entreprise, dans une dynamique de co-construction qui inciterait davantage les employeurs à abonder – et permettrait à davantage de salariés d’obtenir des certificats ou certifications.


De multiples propositions pour une politique nationale des compétences


Les experts eux-mêmes s’attachent à inciter les candidats à placer la question des compétences au cœur de leurs propositions. C’est notamment le cas d’Antoine Foucher, qui a été le directeur de cabinet de la ministre du travail Muriel Pénicaud avant de cofondateur de Quintet, un cabinet de conseil en stratégie sociale et raison d’être. Dans son rapport, « Une politique nationale des compétences pour la prochaine décennie – Vision, objectifs et propositions », il expose différentes pistes dont plusieurs méritent de s’y attarder : par exemple la gratuité, à tout âge de la vie, des formations aux compétences de base (lecture, écriture, rédaction, calcul, numérique) ; ou encore l’élargissement à tous les actifs, quel que soit leur âge, de la formation via l’apprentissage. En revanche l’application d’une autre proposition, intéressante en théorie, risquerait de déclencher une nouvelle « usine à gaz » : le fait de conditionner la pérennité du financement public d’une formation à un taux d’insertion dans l’emploi supérieur à 50 %.

D’autres points mériteraient aussi d’interpeler les candidats. Quid de l’amortissement comptable des dépenses ? Si la formation est considérée comme un investissement, celui-ci devrait être amorti sur la base d’une valorisation par poste. Par ailleurs, une politique nationale des compétences orientée sur l’évolution des métiers implique des ressources supplémentaires pour bien former les salariés. Une entreprise, ou une branche professionnelle, qui aurait un projet dédié aux transformations du secteur, ne pourrait-elle pas bénéficier d’un soutien de l’Etat ?


Un autre thème majeur consiste à développer une véritable culture de la data. Grâce à l’analyse de grandes masses de données, des consultations pourraient être organisées, par secteur d’activité, pour évaluer concrètement l’efficacité de la formation professionnelle et identifier les axes d’amélioration – durée et format des sessions, qualité de l’évaluation, etc. Dernier sujet, parmi beaucoup d’autres, qui mérite d’interpeler les candidats : accompagner le vent de libéralisation et la simplification administrative, en laissant le secteur de la formation professionnelle s’organiser comme les autres, c’est-à-dire sur la base de l’offre et de la demande.

 

Jérôme Lesage Place de la Formation

Jérôme Lesage
Le blog de la formation

 

 

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Quelle place occupent les compétences dans le débat public de la campagne ?

Si les candidats à l’investiture présidentielle évoquent la question de l’emploi dans leur programme, les enjeux de la formation professionnelle restent mésestimés. C’est pourquoi des experts du secteur les interpellent aujourd’hui en organisant des débats ou en émettant des propositions concrètes – par exemple, une meilleure prise en compte de l’actualisation des compétences des seniors ou l’évolution du CPF vers une collaboration employeur-salarié.


A quoi pourrait ressembler une grande cause nationale des compétences ?

Elle impliquerait de revisiter l’ensemble de la politique publique de formation à horizon dix ans, en mettant par exemple l’accent sur la maîtrise des compétences de base. Il s’agit aussi, et surtout, de préparer dès maintenant l’actualisation des compétences aux métiers de demain, dans les domaines du digital, de la transition écologique et des services à la personne.


Comment aller encore plus loin pour améliorer la qualité du système de formation professionnelle ?

Plusieurs sujets nécessitent d’être mis sur la table, comme la question de l’amortissement de l’investissement en formation ; celle des aides publiques orientées prioritairement sur les transformations des secteurs ; un meilleur usage de la data pour évaluer l’efficacité de la formation et la pertinence de l’offre des organismes ; ou encore la libéralisation du système, basée sur la loi de l’offre et de la demande.







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