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La VAE inversée, une réponse aux métiers en tension

Rédigé par Jérôme Lesage | Jun 12, 2023 2:47:52 PM


Gestion des compétences — Hard Skills – 13/06/2023



Fin mai, une expérimentation de trois ans a été lancée pour tester la pertinence d’un nouveau dispositif. Envisagée comme une réponse pragmatique au manque de compétences que peuvent connaître les branches et les entreprises, la « VAE inversée » peut être résumée comme un parcours de formation en situation de travail menant à une certification. Décryptage des principales dispositions prévues pour encadrer ce test d’ampleur. 

Le 24 mai dernier, Carole Grandjean, ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels, a lancé l’expérimentation de VAE inversée, un dispositif inédit associant contrat de professionnalisation, FEST (formation en situation de travail) et validation des acquis de l’expérience – dans l’idée d’un parcours reconnu à son terme par l’obtention d’une certification professionnelle.

Cette nouveauté, inscrite dans la loi « Marché du travail » du 12 décembre dernier, repose sur plusieurs objectifs clés : faciliter les démarches de reconversion ou de transition ; mettre l’accent sur les personnes éloignées de l’emploi ; répondre à la problématique des métiers en tension ; et offrir des parcours sécurisés, d’une durée définie en amont, et dotés de financements suffisants. En termes d’application, plusieurs modalités sont possibles, comme des projets interbranches, ou des actions collectives de VAE inversée à l’échelle d’une entreprise.

 




Un dispositif à l’accès simplifié, et financé


Voilà pour la philosophie d’ensemble de ce projet inédit dans le champ de la formation professionnelle. Le décret publié le 26 mai 2023 apporte un cadre plus précis à l’expérimentation de trois ans – qui devrait toucher, selon les objectifs des pouvoirs publics, 5 000 personnes. Elle sera mise en œuvre dans le cadre d’un appel à projets national, ciblant les contrats de professionnalisation qui favorisent l’accès à la certification et à l’insertion professionnelle. Durant cette phase exploratoire de trois ans, les secteurs d’activité concernés seront ceux qui présentent de grandes difficultés de recrutement, comme le sanitaire et social, le bâtiment ou l’hôtellerie-restauration. Pour simplifier l’accès à la VAE inversée, le dispositif prévoit l’assouplissement du contrat de professionnalisation : 36 mois maximum, au lieu d’un an, et sans durée minimale ; et un large public visé, puisque le contrat pourra être conclu avec toute personne âgée de 16 ans et plus.

Du côté des financements des parcours, c’est l’Opco qui sera en première ligne, sur la base d’un montant annuel permettant de couvrir l’ensemble des frais (conception et coordination des actions, pédagogie, accompagnement, dépenses annexes…). Par ailleurs, les employeurs pourront bénéficier d’un soutien non négligeable : 6 000 euros maximum, pour la première année d’exécution d’un contrat signé, en 2023, avec une personne de moins de 30 ans.


Les entreprises attendues pour tester la VAE inversée


Dans trois ans, les résultats de l’expérimentation permettront d’en savoir davantage sur la pertinence de ce nouveau dispositif. Pour ses promoteurs, l’ADN du dispositif va contribuer à dépasser les limites actuelles de la validation des acquis de l’expérience. Comme le rappelle par exemple, David Rivoire, coauteur du rapport qui a abouti à la création du dispositif, « l’idée générale de cette VAE inversée consiste à prendre le contrepied de la VAE traditionnelle. Alors que dans une démarche classique de validation des acquis de l’expérience, le candidat fait le bilan de ses expériences passées pour les transformer en diplôme, il s’agit ici de créer l’expérience qui suscitera ces acquis ! ».

A ses yeux, le principal défi concerne les entreprises : vont-elles, ou non, jouer le jeu ? « Aujourd’hui, nombre d’employeurs sont rattrapés par un principe de réalité : ils ne trouvent pas de candidats pour occuper les postes à pourvoir, faute de compétences appropriées disponibles sur le marché. Dans ces conditions, beaucoup n’auront pas le choix : soit les entreprises prennent le temps de former elles-mêmes leurs futurs salariés à partir de ce dispositif, soit de toute façon elles ne disposeront pas de la main-d’œuvre nécessaire pour répondre aux commandes de leurs clients. » Rendez-vous dans trois ans pour découvrir si les organisations – et les responsables formation – se seront, ou non, emparés de ce dispositif pour en évaluer l’impact interne.






Jérôme Lesage
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En quoi consiste la VAE inversée ?

Il s’agit d’un dispositif expérimental qui intègre à la fois le contrat de professionnalisation, la FEST et la validation des acquis de l’expérience, et qui est associé à l’obtention d’une certification professionnelle. Son ambition, inscrite dans la loi « Marché du travail » du 12 décembre 2022 et traduite dans un décret, est de répondre à la problématique des métiers en tension dans des secteurs d’activité prioritaires. 


Que prévoit le décret de mise en œuvre du dispositif ?

Publié le 26 mai, ses modalités fournissent un cadre d’application : la VAE inversée va s’inscrire dans un appel à projets national ; le contrat de professionnalisation, qui peut concerner tout individu âgé d’au moins 16 ans,  voit sa durée maximum étendue à trois ans ; le financement est assuré par les Opco, et les employeurs peuvent bénéficier d’un soutien financier.


Quels défis sont à relever pour réussir l’expérimentation ?


Le premier va consister à rencontrer son public, mais aussi à s’assurer que l’accompagnement sera à la hauteur. Pour David Rivoire, coauteur d’un rapport sur le sujet, le principal enjeu concerne les entreprises : vont-elles, ou non, s’emparer du dispositif de VAE inversée, destiné à leur apporter les compétences dont elles ont besoin ?




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